Parlez-nous de votre parcours et de votre lien si fort avec le Pays bigouden sud.

Je suis issu d’une famille Pont-l’Abbiste et d’un papa marin-pêcheur au Guilvinec. Je suis très marqué par la maritimité. C’est mon domaine. Je baigne dedans depuis toujours. J’ai fait toute ma scolarité à Pont-l’Abbé. J’y ai décroché un bac pro logistique et transport au lycée Saint-Gabriel.

Jean-Pierre Le Pemp m’a proposé un poste de chauffeur-livreur chez Neptune à la fin de mon cursus. J’ai travaillé pendant 5 ans à ses côtés, avant de reprendre l’entreprise. Il m’a beaucoup appris, m’a encouragé et offert la possibilité de me former pour reprendre la barre de son entreprise créée en 1993.

Il m’a donné ma chance et je compte bien faire fructifier cette opportunité. J’ai récemment embauché un jeune commercial du cru. Je crois en l’avenir et en la volonté des jeunes pour affronter des nouveaux défis, cultiver notre histoire maritime et nos savoir-faire.

Vous avez choisi de reprendre l’entreprise Neptune. Pourquoi ?

Je dis souvent que mon cédant m’a choisi. Lorsque je suis entré chez Neptune, il m’a dit « un jour, tu reprendras la boîte ». Ce n’était pas dans mes projets mais il a cru en moi. Il m’a donné les moyens pour atteindre cet objectif et prendre confiance en moi.

Grâce à lui, je peux donner une nouvelle trajectoire à Neptune avec l’équipe en place. Je n’aurai pas pu le faire sans eux. Ils m’ont aidé à trouver rapidement ma place de dirigeant. Cette ambition n’a jamais été cachée. La confiance et la transparence font partie de mes convictions et sont des facteurs de réussite.

Cette reprise, c’est une aventure humaine avant tout et c’est aussi un saut maîtrisé grâce au soutien de Cornouaille initiative et le Réseau entreprendre qui m’a accordé un prêt d’honneur pour démarrer. Ce réseau organise chaque mois des rencontres avec des entrepreneurs. Je ne suis pas seul dans le navire. En parallèle, je suis coaché par un dirigeant d’entreprise, rencontré lors de ma formation à l’EMBA. Je le consulte régulièrement, notamment sur les choix stratégiques de développement.

Neptune distribution est spécialisée dans l’avitaillement des navires de pêche. Comment appréhendez-vous ce marché en pleine évolution ?

Neptune livre en épicerie, boissons, fruits et légumes plus de 150 bateaux sur le Pays bigouden et dans les Côtes-d’Armor. Bien manger est essentiel pour les marins qui partent parfois jusqu’à 15 jours en mer. Je travaille essentiellement avec des fournisseurs locaux pour leur garantir des produits frais et de qualité. Ce service représente 80 % du chiffre d’affaires. L’impact du plan de casse ne me fait pas peur mais je reste vigilant. Je vois beaucoup de nouvelles dynamiques s’organiser. Les jeunes sont motivés. Je choisis de m’adapter et de diversifier notre offre de services.

Nous avons doublé la surface de vente de la cave et confié la gestion à un jeune caviste. Grâce à son expertise, nous proposons une gamme variée avec près de 500 références, accessible à tous les portefeuilles. Les locaux jouent bien le jeu et j’en suis très reconnaissant.

La prochaine étape ?  Développer la part de marché auprès des cafés, hôtels et restaurants.

Nous proposons aussi la location de matériel pour les événements privés ou associatifs très répandus localement : buvette, installation, démontage, sono, animation, etc.

Avez-vous un conseil pour ceux qui veulent s’implanter ?

Il faut savoir bien s’entourer et s’appuyer sur des gens d’expérience. Se donner les moyens de réussir, travailler dur et ne rien lâcher.

La persévérance, c’est ce qui compte.

Pouvez-vous nous décrire votre Pays bigouden ?

Il fait partie de mon ADN. J’y suis très attaché. Tout le monde se connaît. Il y a un vrai esprit de solidarité. Nous, les Bigoudens, cultivons une certaine ténacité à l’épreuve des tempêtes. Il y a un caractère très franc et parfois un peu rugueux à l’image de nos côtes. On dit les choses, on va jusqu’au bout et c’est ce que j’aime.

Et puis on a un paysage magnifique. On ne peut pas s’en lasser, en été ou en hiver, le Pays bigouden nous offre toujours un nouveau visage.

Sinon, vous êtes plutôt lotte ou entrecôte ?

Je suis plutôt viande au restaurant avec un bon vin et poisson à la maison.