Pour des enfants du Pays bigouden, vivre et travailler ici, c’est un peu un rêve d’enfance ?

On a grandi ici. On se connaît depuis le collège. Le Pays bigouden, c’est chez nous. On n’a jamais eu envie d’aller ailleurs.
On a tous les deux fait un bac pro boulangerie à Concarneau. Et puis, il y a eu une belle rencontre : Yann, pâtissier, qui a rapidement rejoint l’aventure.

Au départ, on ne pensait pas devenir patrons. On voulait surtout faire un métier qui nous plaise. Pour moi, c’était clair, je voulais travailler dans l’alimentaire tout en gardant du temps pour moi. La cuisine ne laissait pas assez de liberté, la boulangerie, si. L’opportunité s’est présentée presque naturellement après la fermeture de la boulangerie du bourg. On a eu le courage de se lancer, soutenus par nos proches.

Grâce à la vente aux enchères du matériel et au coup de pouce du Pass commerce et artisanat, on a pu s’équiper à moindre frais, ce qui rend l’avenir plus serein.

Aujourd’hui, être patron, pour nous, c’est synonyme de liberté. On travaille beaucoup, bien sûr, mais avec une autonomie qui nous motive chaque jour.

Pas trop difficile de travailler entre copains ?

Non. Dès le départ, nous avons posé des règles et des bases solides. Chacun a sa fiche de poste, ses responsabilités bien définies. Cela évite les malentendus. On a tous les trois notre spécialité : Maxime est aux manettes du pain, Yann maîtrise la pâtisserie, et je m’occupe de la viennoiserie. On est complémentaires, c’est ce qui fait notre force. Notre secret ? La confiance et la communication : on se parle franchement, c’est essentiel.

Et puis, travailler entre amis, ça change tout. Il y a une vraie convivialité, du plaisir à venir travailler même si c’est un métier exigeant, physiquement et en termes d’horaires. On ne le vit pas comme une contrainte.

Quelles sont vos spécialités ?

Le blé noir (ou sarrasin)[1]. C’est un marqueur fort de l’identité bretonne et on est fiers de pouvoir valoriser cette plante exceptionnelle produite localement en nous approvisionnant au Moulin de l’Écluse, à Pont-l’Abbé. C’est aussi une façon de se démarquer !

Notre produit-phare ? Le kouign amann au blé noir. Il a un petit côté crêpes au sucre superposées, avec un caramel juste comme il faut. On conserve la gourmandise, mais avec une sensation de sucre moins présente. Le goût est à la fois subtil et original. Le pain bigouden plaît aussi beaucoup. Il mêle farine de blé noir, farine de meule, un mélange de graines et du levain. Il est vendu à la coupe, se conserve très bien, et a une vraie personnalité.
On propose une grande variété de pains, de pains spéciaux, de viennoiseries, de pâtisseries et même du snack. Le tout fait maison, bien sûr.

[1] Blé noir et sarrasin : Il n’y a pas de différence entre la farine de blé noir et le sarrasin : le blé noir est un autre nom donné à la plante de sarrasin.

Quels sont vos lieux coups de cœur ?

Je suis assez chauvin, donc je dirai le port de Lesconil, sans hésiter. Le cadre est magnifique. Boire un verre en bord de mer, c’est un plaisir simple. Il y a une ambiance particulière ici, quelque chose d’authentique.
C’est un lieu qui m’évoque toute mon enfance : les copains, la nature, cette chaleur humaine qu’on retrouve encore aujourd’hui. L’été, c’est très animé, vivant. Et l’hiver, on se retrouve entre amis pour des soirées jeux de société. C’est un autre rythme, mais tout aussi précieux.

On aime aussi beaucoup la plage de Kersaux. Cette anse entre la Pointe du Goudoul à Lesconil et les rochers de Treffiagat est un vrai coin de paradis.

Sinon, vous êtes plutôt ? 

Brioche-pâte à tartiner ou tartine-beurre salé ? Là, on est partagé ! Maxime est un inconditionnel du beurre — pour lui, c’est la tartine. De mon côté, impossible de résister à un morceau de brioche avec de la pâte à tartiner. J’ai un faible pour le sucré.

Lève-tôt ou couche-tard ? Là encore, on est à l’opposé. Maxime est le lève-tôt du duo : il est debout tous les jours à 2 h 30 du matin, prêt à allumer le four et à pétrir la pâte. Moi, je suis plutôt du soir. Quand les journées s’allongent, j’ai du mal à dormir. De fait, le réveil est plus tardif !