Pourquoi avez-vous jeté l’ancre au Guilvinec ?

On avait besoin de changer de vie, tout simplement. Après vingt ans dans le marketing en région parisienne pour un grand groupe de bricolage, j’étais usé. Mon épouse, elle, était assistante maternelle. On venait régulièrement en vacances ici, et l’envie de s’installer près de la mer grandissait à chaque séjour.

On cherchait un projet, sans idée très précise. On a même failli reprendre un restaurant, mais ça ne s’est pas fait. Et puis un jour, on tombe sur une annonce pour ce local, sur Le bon coin. On a sauté dans le train, visité et signé dans la même journée sans vraiment savoir ce qu’on allait en faire. Un vrai saut dans le vide !

Tout s’est enchaîné très vite. J’ai continué quelque temps en télétravail, fait des allers-retours à Paris, tout en construisant le concept de Guil’vintage. La friperie, en plein dans l’air du temps, s’est imposée d’elle-même. Aujourd’hui, on travaille en couple et ça fonctionne. On a trouvé notre équilibre.

La fripe, c’est chic ?

Bien sûr que c’est chic ! Je viens du marketing, alors pour que ça fonctionne, il faut des marqueurs forts. Nous avons donc développé le concept de Guil’vintage autour d’un incontournable : le jean Levi’s. Le jean, tout le monde en porte. C’est confortable, durable, indémodable.

Notre idée, c’est de démocratiser la seconde main de marque : proposer des pièces de qualité, avec un vrai référentiel de prix et montrer qu’acheter d’occasion peut rimer avec style et longévité. Chaque semaine, on reçoit de nouveaux arrivages et, avec plus de 2 500 références, on peut répondre aux attentes d’une large clientèle.
Guil’vintage, c’est un petit trésor de mode durable, où chaque pièce est soigneusement sélectionnée pour sa qualité et son style intemporel. On veut que la mode reste accessible à tous : on habille toute la famille, du plus petit au plus grand, à des prix abordables.

Aujourd’hui, ça porte ses fruits : on est reconnu comme des experts. Notre clientèle est fidèle et revient avec plaisir fouiller les portants à la recherche de la prochaine pépite.

Face à l’explosion des plateformes de seconde main, quelle place pour une boutique comme la vôtre ?

Le réemploi, c’est un vrai sujet aujourd’hui, surtout face aux quantités astronomiques des dons et dépôts de textiles aux associations. Beaucoup de pièces ne sont plus valorisables, mais pourquoi détruire des vêtements de qualité alors qu’ils peuvent encore être portés ?

Chez nous, pas de dépôt-vente ni de hasard : on travaille exclusivement avec un réseau professionnel, une filière organisée, composée essentiellement de fournisseurs français. L’objectif, c’est de proposer une expérience qui ressemble à celle d’une boutique classique, avec la qualité et le conseil.

Pas de mauvaises surprises comme sur certaines plateformes : ici, on essaye, on réessaye, on conseille, on cherche LA pièce qui correspond vraiment à la personne. Chaque vêtement est lavé, désinfecté, étiqueté, qualifié. Résultat : un achat éclairé, serein et un vêtement qui vivra encore longtemps.

Vous menez aussi tambour battant l’Union des commerçants ?

En 2023, nous étions plusieurs nouveaux commerçants à s’installer en même temps au Guilvinec. L’occasion parfaite pour relancer l’Union des commerçants : créer du lien entre nous, mettre en avant nos activités et offrir des services aux habitants. L’objectif : dynamiser le centre-ville tout au long de l’année.

On s’est structuré et on a construit de beaux projets pour générer un flux constant vers nos commerces grâce à des rituels : le jeu des vitrines à la Toussaint, la tombola, les Estivales, etc. Tout ça dans un esprit de partage et de solidarité. Pour Noël, on met vraiment le paquet pour les familles : collecte de boîtes cadeaux avec le Secours populaire, « décore ton centre-ville » avec ce que l’on n’utilise plus à la maison, et, du 26 au 30 décembre, la rue de la Marine devient entièrement piétonne avec des structures gonflables. Le but ? Rendre les gens heureux !

Quels sont vos enjeux ?

Pour nous, le véritable enjeu, c’est l’attractivité et l’équilibre entre le port et le centre-ville. Aujourd’hui, le flux de visiteurs est très concentré sur le port, et le centre-ville reste trop discret. Notre volonté est de réduire cette séparation : attirer les visiteurs vers la ville et montrer qu’il n’y a pas que le port au Guilvinec.
Avec une cinquantaine de commerçants indépendants et innovants, on peut offrir aux habitants comme aux visiteurs des services toute l’année. Être commerçant, ce n’est pas juste tenir un pas de porte : il s’agit de fédérer, de s’investir collectivement et de contribuer à la vie et à la dynamique de la commune.

Avez-vous des coups de cœur à partager ?

Le soir, c’est fantastique ici. J’adore faire une balade de la pointe de Men Meur jusqu’au Ster, profiter du calme et de la lumière. Prendre un kayak pour rejoindre les Étocs en quelques coups de pagaie et observer les phoques, c’est magique : l’eau est d’une clarté incroyable, presque comme un lagon.
J’aime aussi assister à la débarque du poisson, voir les bateaux revenir de la pêche. C’est un spectacle vivant, qui change tous les jours.

Ce que j’apprécie particulièrement ici, c’est cette connexion avec le vrai : les gens, le vent, les embruns, la pêche, toutes ces sensations authentiques. Être au contact de ces éléments, tout simplement, c’est ce qui rend le Pays bigouden sud unique à mes yeux.

Et sinon, vous êtes plutôt ?

Saucisse de Morteau ou sardine grillée ? Là, c’est plus compliqué ! Je dirais plutôt Comté, Morbier et cancoillotte. Une petite touche de Franche-Comté dans le Pays bigouden, pour le plaisir !