Bigoudène pure souche, vous restez ancrée au Pays bigouden sud.

J’ai vécu longtemps à l’étranger pour exercer dans le domaine de la photographie mais la solitude commençait à me peser. Je suis très attachée à mes racines, la famille est très importante pour moi et j’avais à cœur de reprendre l’affaire familiale. Mes parents voulaient passer la main, c’était le bon moment pour rentrer et cultiver ce savoir-faire. J’aime mon Pays bigouden mais j’ai besoin de le quitter parfois pour voyager, trouver de nouvelles inspirations, renouveler mes créations et mieux y revenir ! Mon activité de photographe m’a aussi permis de créer des liens lors de mes différents reportages photos à travers le monde, notamment au Maroc ou à Madagascar d’où j’importe quelques produits. Je pratique le même métier. On se comprend.

Vous allez jusqu’à cultiver votre propre osier à Tréméoc. Qu’est-ce qui vous fait vibrer dans ce métier ?

D’abord, Tréméoc, c’est toute mon enfance. Je suis profondément attachée à la parcelle de 5 ha de mes arrières grands-parents sur laquelle il y a un bois, un lavoir, un puit et des ruches. J’aime m’y ressourcer. Aujourd’hui, c’est à la fois mon havre de paix et mon gagne-pain.  Facile à bouturer et à cultiver, 1 ha est dédié à la culture 100 % bio de l’osier que je récolte en début d’année. Le travail de la matière de A à Z, l’odeur, la liberté de créer, de faire soi-même, c’est un véritable art de vivre dans lequel je me retrouve totalement. Même si cette activité demande beaucoup d’énergie et de volonté, j’y trouve mon équilibre entre l’effervescence des marchés d’avril à septembre puis le calme des phases de tissage et de création d’octobre à mars.

Et demain ? Quels sont vos projets ?

Trouver un nouvel atelier ! Aujourd’hui situé à Plonéour-Lanvern car je n’ai pas pu le construire sur ma parcelle, j’aimerai en trouver un plus proche de chez moi, du côté de Léchiagat.

Accueillir des stagiaires et poursuivre la transmission de mon savoir-faire aux étudiants du lycée Bréhoulou à Fouesnant font partie de mes objectifs pour tisser des liens et pourquoi pas faire naître des vocations auprès de la jeune génération qui me semble aussi très attachée aux traditions.

Comment définissez-vous le Pays bigouden sud ?

En trois mots, je dirai douceur, caractère et authenticité. Nous avons toujours composé avec les éléments naturels, peut-être plus qu’ailleurs. Cela a sans doute une influence sur le caractère authentique et robuste du pays Bigouden et des Bigoudens.

La fierté de conserver et de transmettre les traditions, les savoir-faire comme la pêche et le respect de nos anciens sont des valeurs auxquelles nous sommes très attachés.

Sinon, vous êtes plutôt cidre ou bière ?

Un cidre bien fruité avec une crêpe. Une bière blonde de temps en temps en clin d’œil à mes années passées en Allemagne.