Racontez-nous votre parcours en quelques mots.

Passionné de la mer et de la nature, je me destinais à une carrière de géographe en aménagement des espaces naturels mais je ne voulais pas finir dans un bureau. J’ai découvert le métier de poissonnier par hasard pour payer mes études et j’ai eu un véritable coup de cœur pour cette profession. J’ai d’abord fait mes armes dans la grande distribution dans les Yvelines, puis dans différentes poissonneries en Bretagne pour m’imprégner de l’atmosphère locale.

J’ai toujours voulu vivre ici. Mes grands-parents venaient au camping de la Joie et mes parents ont fini par acheter une résidence secondaire à Saint-Guénolé. Lorsque j’ai appris par bouche-à-oreille que François Daoulas cherchait un repreneur, ce fut l’évidence.

Quoi de plus logique qu’une poissonnerie en plein cœur du port ? Je ne peux pas être plus proche de la ressource et des pêcheurs. Bien qu’un tel projet demande du temps et de l’investissement, la transmission s’est faite très facilement. J’ai notamment pu investir dans une vitrine grâce au Pass commerce-artisanat.

Qu’est-ce qui fait votre force ?

L’ultra-frais et local ! Je suis le seul à proposer du « vrai » local issu 100 % de la pêche côtière. Tout mon poisson provient de Loctudy. Je me fournis avec les arrivages de la criée chaque jour. C’est une contrainte que je m’impose par conviction.

Il y a une grande diversité de produits à chaque saison à Loctudy. J’ai du merlu, du lieu jaune, de la lotte, du bar de ligne, du tacaud et bien d’autres ! Pourquoi aller au supermarché ?

Je voudrais intéresser les gens aux poissons d’ici, à leur saisonnalité car on a de quoi faire dans le Pays bigouden.

Quelle vision portez-vous sur l’avenir de la pêche bigoudène ?

Elle a de l’avenir ! Bien que la période faste hauturière que les anciens ont connu me semble terminée, je crois davantage en un modèle de pêche côtière, artisanale, plus sélective, à condition que les consommateurs jouent leur rôle, au risque de se retrouver face aux navires usines.
Je vends plus aux touristes qu’aux locaux car ils ont leurs habitudes dans la grande distribution. J’aimerais que les habitants évoluent dans leurs pratiques, qu’ils aient une meilleure connaissance de ce qu’ils achètent et donc de ce qu’ils mangent.

J’entends souvent que le prix est un frein dans la démarche de consommation locale et ça ne devrait pas l’être. En achetant chez moi, c’est l’assurance que le pêcheur a obtenu un bon prix.

Si les gens viennent plus souvent chez les poissonniers, c’est toute l’économie du port et du centre-ville qui vit. Donnez-nous une chance !

Quel est votre coup de cœur pour le Pays bigouden ?

Saint-Guénolé. Je ne pourrais pas exactement vous dire pourquoi. C’est indéfinissable. C’est une atmosphère très particulière qui se ressent et ne se décrit pas. Le rapport à la mer y est brutal, frontal.

Dans un autre registre, le milieu dunaire me fascine autant qu’il m’inquiète en géographe que je suis. Constater l’évolution du trait de côte de mon vivant est très alarmant.

Diriez-vous que s’installer en Pays bigouden sud est une bonne idée ?

C’est la meilleure chose que j’ai faite de ma vie ! Mon rêve depuis que je suis adolescent était d’avoir ma maison dans le Pays bigouden avec mon potager. J’ai fait de la mer mon potager et j’en suis très heureux.

Même s’ils ne viennent pas tous dans ma boutique, j’aime les Bigoudens !