Les paniers enchamptés
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PORTRAIT – Les paniers enchamptés
Sefa Atchadé exploite trois hectares entre Saint-Jean-Trolimon et Pont-l’Abbé. Une cinquantaine de variétés de légumes composent ses « paniers enchamptés », livrés à la demande, sur le marché du Guilvinec et chez les restaurateurs locaux. S’il a toujours eu le goût du travail pour la terre, cultivé dans son jardin d’enfance, Sefa n’a pas toujours rêvé d’être maraîcher. Diplômé en géographie au Togo, il fait un détour à Lorient pour un master 2 en aménagement des territoires maritimes et gestion des risques liés aux submersions marines. Il écume les stages, les petits boulots, explore, rencontre.
Du Togo au Pays bigouden, Sefa mène sa barque entre terre et mer avec flegme et détermination. C’est à Quélourdec qu’il a jeté l’ancre pour cultiver ses légumes bio.
Comment avez-vous pris racine dans le Pays bigouden ?
Un stage sur la requalification des friches agricoles, puis un second sur la thématique de l’approvisionnement de la restauration collective en circuit court m’ont permis de mettre un pied dans l’agriculture et de tisser des liens avec les acteurs locaux.
Le Pays bigouden ? Un heureux hasard grâce à mon épouse qui décroche un stage à l’hôpital de Pont-l’Abbé Nous ne sommes jamais repartis.
Le déclic ? Un dernier entretien infructueux dans le domaine de l’aménagement et une parole donnée à Christophe Petitbon, maraîcher à Quélourdec : « si le dernier entretien ne fonctionne pas, alors je viens travailler avec toi ». J’ai suivi une formation à Hanvec, il m’a loué ses terres au départ et me voilà désormais propriétaire de trois hectares !
Expliquez-nous votre approche et votre vision du métier
Je travaille en bio et mise sur la diversification pour ne pas être dépendant d’une culture. Cette approche me permet de maîtriser mon sol et mon temps. En fonction de la variété que je veux planter, je croise les informations de manière scientifique et méthodique pour en faire une synthèse (courbes météo, propriété du sol, etc.). Pour cela, ma formation en aménagement du territoire se révèle très utile au quotidien.
Ma philosophie ? Travailler moins pour travailler mieux et plus longtemps. Je veux durer et préserver mon corps, mon outil de travail principal. J’ai choisi de ne pas travailler le week-end (sauf en avril), et d’embaucher quelqu’un l’été pour me permettre de partir en vacances. Je ne veux pas sacrifier ma vie personnelle.
Je cultive uniquement les produits que j’aime, à mon rythme et en fonction des saisons. J’éprouve un immense plaisir à récolter le fruit de mon travail, du semis à la vente. J’ai la chance de gérer mon temps et de travailler toujours à l’extérieur. Je suis très attaché à cette liberté.
Les Bigoudens adhèrent-ils à la vente locale ?
Les clients sont réguliers. Les anciens ont cet esprit de consommation locale. Le marché en semaine fonctionne très bien. J’aime la relation de proximité et l’ambiance du marché. L’émulation entre les gens, les causeries dans la file d’attente. C’est un véritable lieu de rencontre et de partage. Je ne m’en lasse pas.
La jeune génération n’est pas encore complètement au rendez-vous, bien qu’elle soit convaincue par les circuits courts. Il faut changer ses habitudes, interroger son rapport au temps et passer à l’acte. Faire un détour sur son trajet travail-domicile pour récupérer des légumes ou de la viande. Laver, préparer, cuisiner les légumes demande du temps et un peu d’organisation.
Mes paniers peuvent être composés sur-mesure en ligne et livrés à la cave-épicerie Braz-Braz à Saint-Jean-Trolimon le vendredi et à la boulangerie Tachen à Plonéour-Lanvern les mardis et vendredis.
Auriez-vous un conseil pour ceux qui veulent s’implanter ?
Se faire confiance et bien se connaître sont des clés de réussites précieuses. Le tempérament influence beaucoup le rapport au métier, notamment la manière de dimensionner sa surface de culture en fonction de ce que l’on veut et peut faire. Il ne faut pas craindre la vente et croire en sa force de production.
Il faut aussi s’entourer et se faire accompagner au départ. Les aides financières à l’installation de la chambre d’agriculture et de la communauté de communes m’ont permis d’impulser mon activité, de m’équiper et de louer mes parcelles.
Un mot pour décrire le Pays bigouden sud ?
La simplicité ! Je vis ici comme au Togo. Il n’y a pas de codes, pas de pression. Les relations sont fluides. On se sent en vacances toute l’année.
La mer, la campagne, il y a tout ici à moins de 15 min et rien ne se ressemble. Un petit détour après le travail pour voir la mer ne serait-ce que 5 min, c’est le bonheur.
Sinon, vous êtes plutôt terre ou mer ?
Les deux ! Pourquoi choisir ? Nous avons la chance d’avoir un territoire extraordinaire. Je me régale aussi bien avec une assiette végétale, une côte de bœuf, des sardines ou du maquereau. Mon péché mignon, la barbue ou le turbo. C’est extraordinaire !
Les paniers enchamptés
Route de Saint-Jean-Trolimon
29120 Pont-l’Abbé
06 34 21 00 55
www.lespaniersenchamptes.com
Crédits photos : Claire Marion – Eva Cléret
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